ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : Nicolas Sarkozy dénonce le système colonial mais ne s'excuse pas



khadija28
04-12-2007, 09:35
par Emmanuel Jarry

ALGER (Reuters) - Nicolas Sarkozy a dénoncé lundi le système "profondément injuste" du colonialisme, mais sans aller jusqu'à présenter les excuses qu'une partie des élites et des dirigeants algériens exigent de la France.

"Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité", a déclaré le président français devant des chefs d'entreprises français et algériens.

Cela a presque été ses premières phrases en public, au début d'une visite d'Etat dont le climat est alourdi par une nouvelle polémique sur le passé colonial de la France en Algérie.

Nicolas Sarkozy a cependant ajouté qu'il était "aussi juste de dire qu'à l'intérieur de ce système profondément injuste, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont profondément aimé l'Algérie, avant de devoir la quitter" lors de l'indépendance de cette ancienne colonie française.

Il a également déclaré vouloir honorer "toutes les victimes" de la guerre d'indépendance algérienne (1954-62).

"Oui, des crimes terribles ont été commis tout au long d'une guerre d'indépendance qui a fait d'innombrables victimes des deux côtés", a-t-il dit. "Et aujourd'hui, moi qui avais sept ans en 1962, c'est toutes les victimes que je veux honorer."

La préparation de ce voyage a été empoisonnée par les attaques d'anciens combattants algériens de la guerre d'indépendance contre Nicolas Sarkozy, dont le ministre des Moudjahiddine (Anciens combattants) qui l'a accusé d'être inféodé à un "lobby juif".

Mohamed Chérif Abbès avait également déclaré qu'il n'y aurait pas de réconciliation totale avec la France si celle-ci ne reconnaissait pas ses "crimes" de la période coloniale - un leitmotiv repris lundi par la presse algérienne.

Le ministre des Anciens combattants, désavoué par le président algérien, n'est pas venu accueillir Nicolas Sarkozy à l'aéroport d'Alger avec Abdelaziz Bouteflika.

Le président français a choisi de lui répondre dès son premier discours en mettant sur le même plan l'islamophobie et l'antisémitisme, qui ont "tous deux le même visage, celui de la bêtise et celui de la haine".

"Le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme ne s'expliquent pas, ils se combattent. Ce qui vaut pour la France vaut partout ailleurs", a-t-il déclaré.

COOPERATION DANS LE NUCLEAIRE CIVIL

Nicolas Sarkozy a dit être venu en Algérie proposer un "avenir de solidarité partagé" et parler d'avenir : "Le passé, il existe, l'avenir, il est à construire. Moi je suis venu pour construire, je ne suis pas venu pour la nostalgie."

Il a promis son soutien à la construction d'une Algérie "stable, pluraliste et prospère" parce qu'un échec de l'Algérie serait "un échec pour la France et toute l'Europe", et à son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce.

Il a salué le combat que le "peuple algérien" a mené "souvent seul" contre le terrorisme des islamistes armés dans les années 1990. "Sa victoire sur le terrorisme est un succès majeur qui nous concerne tous, car l'installation à Alger d'un régime de type taliban (...) aurait été une catastrophe pour tous les pays riverains de la Méditerranée", a-t-il dit.

Il a d'autre part fait un pas vers une des revendications constantes des Algériens en estimant qu'il fallait "aller plus loin pour faciliter la circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée".

Nicolas Sarkozy a enfin confirmé que des entreprises françaises signeraient mardi avec les autorités algériennes "plus de cinq milliards d'euros de contrats" et que les deux gouvernements parapheraient un accord-cadre de coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire civile.

Un tel accord doit rendre possible à l'avenir des coopérations en matière de formation, de prospection et d'exploitation de gisements d'uranium, de construction de centrales nucléaires, etc...; dit-on de source française.

Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy a déclaré à Abdelaziz Bouteflika, lors d'un premier entretien avec le président algérien, qu'il était "prêt à aller loin" dans cette coopération, notamment en matière de formation.

Le président français a également déclaré à son interlocuteur qu'il avait "conscience qu'il y avait eu, du côté algérien, des déceptions et des irritations et qu'il entendait les prendre en compte", a-t-on ajouté de même source.

Selon l'Elysée, Abdelaziz Bouteflika a redit qu'il avait avec Nicolas Sarkozy des "relations d'amitié et d'affection anciennes" que les divergences d'appréciation, quelles qu'elles soient, n'entraveraient pas, et que les différences de points de vue sur la "mémoire" n'empêcheraient pas de "construire".