ãÔÇåÏÉ ÇáäÓÎÉ ßÇãáÉ : François Fillon justifie la visite de Mouammar Kadhafi en France



khadija28
10-12-2007, 08:28
par Sophie Louet

BUENOS AIRES (Reuters) - François Fillon a répondu dimanche aux critiques sur la venue à Paris du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en soulignant que la France entendait désormais "parler à tout le monde" sans pour autant transiger sur ses principes.

"Je vois tellement d'observateurs qui jugent de manière péremptoire le nouveau style donné aux relations internationales par le président de la République. Je leur dis : la France parlera à tout le monde en restant fidèle à ses idéaux et à son message universel", a déclaré le Premier ministre lors d'un discours devant la communauté française à Buenos Aires, au deuxième jour de sa visite en Argentine.

"La France reçoit le colonel Kadhafi, parce que le colonel Kadhafi a libéré les infirmières bulgares et parce que le colonel Kadhafi s'est engagé dans un processus de réintégration dans la communauté internationale", a-t-il plaidé.

"Nous avons besoin que la Libye, dans le cadre des relations interméditerranéennes, redevienne un pays avec lequel on puisse discuter, et redevienne progressivement un pays où les droits de l'homme soient respectés", a-t-il poursuivi, justifiant la diplomatie "réaliste" de Nicolas Sarkozy.

"La France, dans le même temps, se déploie pour obtenir la libération d'Ingrid Betancourt, se bat pour une élection libre au Liban, (...) pour que la Palestine ait les moyens de devenir un Etat viable, la France se bat pour la sécurité d'Israël, la France se bat aujourd'hui en première ligne pour durcir les sanctions à l'égard de l'Iran, si l'Iran continuait à vouloir se doter d'armes nucléaires", a-t-il fait valoir.

"La France n'a pas de camp, la France n'a qu'un seul camp : celui de la démocratie et de la liberté", a-t-il lancé.

MITTERRAND EN CRÈTE

Et d'ajouter : "Que les donneurs de leçons tournent sept fois leur langue dans leur bouche. Laisser les infirmières bulgares croupir dans les geôles libyennes, ça aurait été un crime".

Le colonel Mouammar Kadhafi entame ce lundi une visite officielle de cinq jours en France.

Des organisations de défense des droits de l'homme, des responsables de l'opposition - François Hollande, Ségolène Royal, François Bayrou, notamment - dénoncent l'accueil fait à un dirigeant dont le nom est associé à des affaires de terrorisme.

La voix d'un membre du gouvernement, Rama Yade, s'est ajoutée dimanche aux critiques de l'opposition.

Dans un entretien publié lundi dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme déclare ne pas être "heureuse de cette visite", dont le début coïncide avec la Journée mondiale des droits de l'homme.

"Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", dit-elle.

Nicolas Sarkozy s'est dit "heureux" samedi de recevoir le colonel Kadhafi à Paris.

Cette polémique, "c'est un faux débat", jugeait dimanche une source diplomatique française.

"Je préfère voir le colonel Kadhafi aujourd'hui à Paris que Mitterrand lui rendant visite en Crète", soulignait-on de même source.

Le 15 novembre 1984, le président François Mitterrand avait rencontré le colonel Kadhafi en Crète pour évoquer avec lui le maintien de forces armées libyennes au Tchad en dépit d'un accord d'évacuation signé en septembre.