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22-06-2005, 19:26
L'islamiste Nadia Yassine provoque le roi du Maroc
http://www.france-echos.com/IMG/arton5735.jpg
« La monarchie n'est pas faite pour le Maroc. » Nadia Yassine, la voix d'al-Adl Wal Issant (Justice et Spiritualité), le principal mouvement islamiste marocain, hausse le ton. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire al-Ousbouiya al-Jadida, la figure de proue du courant fondamentaliste affiche ses convictions républicaines. La fille du cheikh Yassine, 76 ans, le guide spirituel de Justice et Spiritualité, n'indique pas toutefois si sa république sera ou ne sera pas islamique.
Mais la précision est-elle nécessaire ? Au cours de cette interview choc, Nadia Yassine prédit la fin de Mohammed VI. « Les indicateurs montrent que le régime s'écroulera bientôt », pronostique-t-elle. La Constitution ? Elle « est bonne pour la poubelle de l'histoire ». Le Parti pour la justice et le développement (PJD), celui des islamistes légaux qui se présentent comme une alternative institutionnelle au Maroc ? Il est « affreusement instrumentalisé par le Makhzen », l'administration royale.
Celle-ci a réagi en convoquant Nadia Yassine, vendredi, sur ordre du procureur du roi, dans les locaux de la police judiciaire de Rabat. Et les quotidiens marocains ont sorti l'artillerie lourde. Le Matin considère dans un éditorial intitulé « La cinquième colonne » que la porte-parole islamiste a « franchi le Rubicon de la manière la plus sournoise et la plus abjecte qui soit ».
« Si Nadia Yassine est jugée puis condamnée pour atteinte à l'institution monarchique, quelle sera la réaction des militants d'al-Adl Wal Ihssane, considérés par certains comme les plus nombreux de toutes les organisations politiques du Maroc ? », s'inquiète de son côté Aujourd'hui Le Maroc.
Les propos de Nadia Yassine sont un signe parmi d'autres du vent de permissivité qui souffle sur le pays. D'une grande liberté de ton, la presse publie presque ce que bon lui semble. Il reste périlleux de remettre en cause la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, les « provinces du Sud ». Mais il est possible de sortir des informations inédites sur les finances du palais royal ou de s'aventurer dans la critique de la monarchie. Reste à savoir où se situent les limites.
En occupant le devant de la scène, Nadia Yassine suit l'exemple de son père, qui avait voici cinq ans testé Mohammed VI peu après son accession au trône. Dans un « mémorandum » particulièrement irrévérencieux adressé à Mohammed VI, il demandait au jeune souverain de rapatrier « la fortune fabuleuse » amassée par son père pour l'affecter au « paiement et à l'effacement de la lourde dette extérieure marocaine »...
Le leader islamiste ajoutait : « Rachetez votre pauvre père Hassan II en restituant au peuple les biens qui lui reviennent de droit. Rachetez-vous ! Repentez-vous ! »
Le mémorandum renvoyait à un autre retentissant courrier adressé en 1974 au roi Hassan II par le dirigeant islamiste. Dans ce texte, il demandait au souverain aujourd'hui défunt de « faire acte de rédemption » et « de devenir un bon musulman »... Commandeur des croyants, selon la Constitution, Hassan II avait répondu en internant son auteur dans un établissement psychiatrique pendant trois ans...
Fortement implantée dans les milieux urbains populaires et les universités, Justice et Spiritualité, qui, à la différence des salafistes, prône la non-violence, dispose malgré les barrages de l'administration d'une très importante capacité de mobilisation. Elle doit faire face à la concurrence de plus en plus rude du PJD, le parti islamiste favorable à la monarchie. Partisan d'une ligne modérée, le concurrent du mouvement du cheikh Yassine est engagé dans une stratégie de conquête rampante des institutions.
Source : http://www.lefigaro.fr/
Article signalé par Cereus06
Photo : l'islamiste Nadia Yassine donne une interview vidéo au site islamiste oumma.com
http://oumma.com/video/10102003/10102003.wmv
http://www.france-echos.com/IMG/arton5735.jpg
« La monarchie n'est pas faite pour le Maroc. » Nadia Yassine, la voix d'al-Adl Wal Issant (Justice et Spiritualité), le principal mouvement islamiste marocain, hausse le ton. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire al-Ousbouiya al-Jadida, la figure de proue du courant fondamentaliste affiche ses convictions républicaines. La fille du cheikh Yassine, 76 ans, le guide spirituel de Justice et Spiritualité, n'indique pas toutefois si sa république sera ou ne sera pas islamique.
Mais la précision est-elle nécessaire ? Au cours de cette interview choc, Nadia Yassine prédit la fin de Mohammed VI. « Les indicateurs montrent que le régime s'écroulera bientôt », pronostique-t-elle. La Constitution ? Elle « est bonne pour la poubelle de l'histoire ». Le Parti pour la justice et le développement (PJD), celui des islamistes légaux qui se présentent comme une alternative institutionnelle au Maroc ? Il est « affreusement instrumentalisé par le Makhzen », l'administration royale.
Celle-ci a réagi en convoquant Nadia Yassine, vendredi, sur ordre du procureur du roi, dans les locaux de la police judiciaire de Rabat. Et les quotidiens marocains ont sorti l'artillerie lourde. Le Matin considère dans un éditorial intitulé « La cinquième colonne » que la porte-parole islamiste a « franchi le Rubicon de la manière la plus sournoise et la plus abjecte qui soit ».
« Si Nadia Yassine est jugée puis condamnée pour atteinte à l'institution monarchique, quelle sera la réaction des militants d'al-Adl Wal Ihssane, considérés par certains comme les plus nombreux de toutes les organisations politiques du Maroc ? », s'inquiète de son côté Aujourd'hui Le Maroc.
Les propos de Nadia Yassine sont un signe parmi d'autres du vent de permissivité qui souffle sur le pays. D'une grande liberté de ton, la presse publie presque ce que bon lui semble. Il reste périlleux de remettre en cause la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, les « provinces du Sud ». Mais il est possible de sortir des informations inédites sur les finances du palais royal ou de s'aventurer dans la critique de la monarchie. Reste à savoir où se situent les limites.
En occupant le devant de la scène, Nadia Yassine suit l'exemple de son père, qui avait voici cinq ans testé Mohammed VI peu après son accession au trône. Dans un « mémorandum » particulièrement irrévérencieux adressé à Mohammed VI, il demandait au jeune souverain de rapatrier « la fortune fabuleuse » amassée par son père pour l'affecter au « paiement et à l'effacement de la lourde dette extérieure marocaine »...
Le leader islamiste ajoutait : « Rachetez votre pauvre père Hassan II en restituant au peuple les biens qui lui reviennent de droit. Rachetez-vous ! Repentez-vous ! »
Le mémorandum renvoyait à un autre retentissant courrier adressé en 1974 au roi Hassan II par le dirigeant islamiste. Dans ce texte, il demandait au souverain aujourd'hui défunt de « faire acte de rédemption » et « de devenir un bon musulman »... Commandeur des croyants, selon la Constitution, Hassan II avait répondu en internant son auteur dans un établissement psychiatrique pendant trois ans...
Fortement implantée dans les milieux urbains populaires et les universités, Justice et Spiritualité, qui, à la différence des salafistes, prône la non-violence, dispose malgré les barrages de l'administration d'une très importante capacité de mobilisation. Elle doit faire face à la concurrence de plus en plus rude du PJD, le parti islamiste favorable à la monarchie. Partisan d'une ligne modérée, le concurrent du mouvement du cheikh Yassine est engagé dans une stratégie de conquête rampante des institutions.
Source : http://www.lefigaro.fr/
Article signalé par Cereus06
Photo : l'islamiste Nadia Yassine donne une interview vidéo au site islamiste oumma.com
http://oumma.com/video/10102003/10102003.wmv